Rapport de société à mission 2020-2022
I-Introduction
Pourquoi 21-22 est une entreprise à mission ?
La recherche de profit n’a pas été l’énergie motrice de la création de 21-22. L’entreprise est née d’un élan profond à contribuer à préserver la vie sur Terre, en apportant dans le monde des entreprises une prise de conscience radicale et une transformation à la hauteur des enjeux. Lors de notre découverte de la loi Pacte, il nous paraissait évident que 21-22 répondait dans son essence à la définition de l’entreprise à mission. La question était alors de savoir si nous souhaitions entreprendre les démarches officielles pour obtenir ce statut. Nous avons fait ce choix, principalement pour deux raisons distinctes.
Commençons par la plus simple. Le cadre de la société à mission (s.a.m) est relativement récent (loi Pacte 2019) et nous a semblé être un outil potentiellement utile au travail de redirection écologique des entreprises. Opérer 21-22 en s.a.m est un moyen simple de tester cet outil sur nous-mêmes pour en comprendre les atouts et les limites, afin de pouvoir l’utiliser de manière pertinente avec certains de nos clients. Ainsi, nous siégeons aux comités de mission de deux entreprises (Vincent chez Tediber et Aurélie chez Mini Green Power) ; le fait de pouvoir intégrer des instances de gouvernance d’entreprises avec une approche redirectionniste nous semble à ce stade pertinent.
La deuxième raison est que le cadre dont nous nous inspirons, la “redirection écologique”, est exigeant. Accompagner des entreprises privées sans tomber dans les travers du “conseil en R.S.E”, ou “en développement durable”, du “greenwashing” demande des questionnements et des remises en cause permanents. Il est essentiel pour nous de respecter la profondeur de ce concept, que nous avons accolé à notre identité, et qu’il ne devienne pas ni instrumentalisable, ni une caution de bonne conduite de nos clients. Pour cela, le cadre de l’entreprise à mission nous a semblé intéressant, en permettant la mise en place d’un “comité de mission”, nous ayant permis de proposer à 4 personnes extérieures à l’organisation de réfléchir avec nous à la cohérence de nos actions. En outre, l’étape de vérification nous amène à formuler des objectifs pouvant être audités par un tiers, ce qui suscite des réflexions et un travail que nous n’aurions probablement pas ainsi faits si nous n’étions pas s.a.m.
Une condition importante : indépendance et liberté
L’entreprise a été pensée pour s’émanciper des modes de management traditionnels, qui peuvent créer des verrous amenant à transiger sur la mission. Notre mode de fonctionnement, sans actionnaires extérieurs, sans dettes et avec des coûts fixes minimaux nous donne un niveau d’indépendance nous permettant de remettre en question nos modalités d’actions sans contrainte.
Quels sont les problématiques inhérentes à notre mission ?
- La difficulté de dépasser l’étape de sensibilisation
Depuis la création de l’agence, il y a une forte demande de la part des entreprises sur les étapes de “sensibilisation” ; les entreprises ont besoin de mieux comprendre les changements de paradigmes imposés par les limites planétaires, notamment climatique et de partager ces connaissances avec leurs salariés. Le succès de la Fresque du Climat en est une illustration marquante. Aussi, il est facile et confortable d’accéder à ces demandes. Cette étape d’acculturation est de toute façon nécessaire, donc, en tant que redirectionniste, on se sent dans une forme de cohérence à multiplier ce type d’interventions. Mais la redirection écologique ne peut se réduire à la contribution à la diffusion des enjeux de l’Anthropocène et de leur ampleur. Ainsi, en tant qu’agence de redirection écologique, une stratégie consistant à chercher à faire de plus en plus d’interventions de ce type avec des entreprises différentes pourrait être discutable au regard de notre raison d’être.
- Les limites à l’accompagnement d’entreprises
On perçoit parfois les limites à chercher à rediriger les organisations de l’extérieur, sans en faire partie. On fait de notre mieux pour mettre autant d’énergie que possible pour convaincre de la nécessité de la transformation, et conduire cette transformation. Malgré cela, on reste limité à la bonne volonté, aux capacités d’actions des parties prenantes internes à l’organisation elles-mêmes limitées par les verrous inhérents à la structure même de l’entreprise et de l’économie de marché mondialisée. La création de “l’Atelier de Redirection Ecologique”, pour faire nous-mêmes “de nos mains”, répond en partie à cette limitation et à notre volonté d’être plus directement en prise avec la redirection écologique.
- Difficulté de qualifier les redirections en cours / accomplies, etc.
Il nous arrive souvent d’avoir l’impression que la situation évolue dans le sens de la redirection écologique sans qu’il n’y ait de preuve ou de changement tangible à l’échelle de l’entreprise. Le fait par exemple que Verallia, industriel verrier, publie en 2022 un livre blanc sur le réemploi du verre alors que l’idée de consigne était taboue dans l’entreprise moins de deux ans plus tôt (parce que qui dit réemploi du verre dit moins de verre neuf) est pour nous un signal faible satisfaisant. Mais à partir de quel moment dire que l’entreprise à entamé sa redirection écologique ? ou qu’elle est en cours ?
- Renoncement vs nouvelles offres
La redirection écologique comprend différentes actions :
Nos activités aujourd’hui se concentrent principalement sur ce qui est compatible avec les limites planétaires : à créer, inventer, imaginer, ou à revaloriser, requalifier, réaffecter. Pour l’instant, nous n’avons pas oeuvré aux autres volets de la redirection écologique qui consistent à renoncer ou à ne pas faire advenir.
- Stages
Notre structure actuelle, très légère et agile, a l’avantage de nous offrir une grande indépendance qui soutient l’alignement de nos activités avec notre mission. En revanche, elle a l’inconvénient d’être peu adaptée à l’intégration de stagiaires (par exemple, par l’absence de bureau, l’éclatement géographique des associés, l’imprévisibilité du rythme de travail, etc.) Nous regrettons de ne pas pouvoir offrir des conditions adaptées pour permettre à des jeunes en formation ou en reconversion de découvrir notre métier et notre fonctionnement et monter en compétences. Pour pallier à cela, nous proposons des stages “infiltrés” chez nos clients que nous co-supervisons. Cela permet aux stagiaires de travailler sur une mission vingt et un vingt deux et d’être intégré à notre équipe tout en bénéficiant de la structure d’accueil de notre client.
Ce que vous trouverez dans ce rapport de mission
Dans ce rapport de mission, vous trouverez la raison d’être de l’entreprise ainsi que la présentation de l’agence et de nos activités, un “journal de bord” constitué des témoignages des 3 associés de l’agence, et nos objectifs statutaires déclinés en objectifs opérationnels les trajectoires d’atteinte de ces objectifs. Ceux-ci sont accompagnés des apports du comité de mission, ainsi que de ce que nous avons appelé nos “intentions”. Nous avons exprimé dans ces intentions ce que nous souhaiterions faire dans les deux à trois prochaines années, sans pour autant être encore en mesure d’en faire des engagements opérationnels.
Bonne lecture !
II-Raison d’être, objectifs et comité de mission
La Redirection Écologique est un cadre, à la fois conceptuel et opérationnel, destiné à faire tenir les organisations dans les limites planétaires, dans un espace à la fois écologiquement sûr et socialement juste pour les humains.
La redirection conduit à renoncer à certaines activités et donc à fermer et réaffecter une partie du système dont nous héritons, à transformer une partie des systèmes existants et à faire émerger des systèmes compatibles avec les limites planétaires.
Le corpus académique de la redirection est développé dans le cadre du Master Strategy & Design pour l’Anthropocène, dont 21-22 est partenaire.
Raison d’être statutaire de vingt et un vingt deux : Penser et pratiquer la redirection écologique pour amener les organisations à aligner leur modèle économique sur les limites planétaires
- Sensibiliser et acculturer nos clients et parties prenantes aux enjeux de l’urgence écologique et à leur ampleur
- Expérimenter au niveau de notre entreprise les principaux leviers de la redirection écologique, en permettant notamment à chacun de ses membres de trouver un équilibre personnel et professionnel en adéquation avec les trajectoires de transition
- Contribuer à créer des exemples concrets de redirection écologique, avec nos clients et en faisant émerger des projets au sein de notre écosystème
- Contribuer à enrichir et diffuser les champs des connaissances de la redirection écologique
- Illustrer, en faisant appel à divers formes d’art, le récit d’un monde sobre, résilient, en équilibre avec les limites planétaires
- Contribuer, à travers nos stratégies d’investissements et de donations, à l’éducation aux transitions agricoles, énergétiques et industrielles et à leur mise en œuvre.
Membres internes :
Membres externes :
ving et un vingt deux SARL a été créée en Janvier 2020 par Vincent. Aurélie a été présente dès le début des réflexions sur la création de cette entité et marque. L’année 2020 a été une année d’expérimentation et de développement de l’entreprise pendant laquelle Aurélie était co-traitante de l’entreprise.
En Février 2021, Vincent et Aurélie ont créé une SAS, en société à mission, nommée “vingt et un vingt deux agence de redirection écologique”, à laquelle vingt et un vingt deux SARL a cédé son fonds de commerce, sa marque, ses outils. La SARL est devenue une holding détenant 85% des titres de la SAS, et la SAS est devenue la société d’exploitation, dont Aurélie détient 15%.
Aurélie et Vincent ont rédigé la raison d’être et les objectifs statutaires à la création de la SAS et constitué le comité de mission dans le courant de l’année 2021.
En Février 2021, Hervé a contacté Vincent car il avait entendu parlé de l’agence et était intéressé par son approche. Il est devenu partenaire de l’agence et a travaillé avec Aurélie et Vincent sur l’année 2021, puis l’agence lui a proposé un contrat de licence exclusive de marque, fin 2021.
Le comité s’est réuni une première fois en Décembre 2021 pour faire connaissance, discuter de l’activité réalisée sur l’année écoulée. Les membres extérieurs du comité : Hélène, Alexandre, Louise et Julien ont orienté Vincent et Aurélie sur des questions à se poser pour piloter la mission.
A la fin de l’année 2022, Hervé est devenu associé de la SAS (à hauteur de 5% avec clause de passage à 10% en 2023) et a intégré le comité de mission.
Le comité s’est réuni le 9 Janvier 2023, après avoir pu prendre connaissance de la première version de ce rapport et donné un premier avis.
Ce rapport est le fruit de cette première version et des discussions du comité du 9 Janvier 2023.
En séance, le comité a décidé de faire une réunion par semestre afin de suivre l’évolution de l’atteinte des objectifs et l’orientation de la stratégie.
III-L’agence : équipe et activités 2022
Equipe
L’équipe est composée des 3 associé.es de la société à mission, Aurélie, Hervé et Vincent et des partenaires principaux de l’agence.
La relation avec Arnaud est régie par un contrat de licence de marque non exclusive, tandis que la relation avec Victoria et Adrien est régie par un contrat de partenariat.
Vincent Rabaron (Angers, Maine-et-Loire)
Associé de l’agence et membre du comité de mission. Biographie.
2002-2006 : Ecole Polytechnique (promotion X2002)
2005-2006 : Master of Science Stanford University
2007-2014: Ingénieur puis Manager chez VINCI Construction
2014-2019: directeur général délégué de pur projet
2016-2019 : administrateur de l’association 1% For The Planet
Depuis 2019 : fondateur de 21-22, agence de redirection écologique
Aurélie Moy (Crest, Drôme)
Associée de l’agence et membre du comité de mission. Biographie.
2013-2017 : Ecole Polytechnique (promotion X2013)
2017-2018 : Master d’ingénieur environnemental à l’UNSW
2018-2019 : Chargée de mission programme chez pur projet
2020-2022 : Elue locale à Saint-Brieuc
Depuis 2018 : Fondatrice du Ty Village, 1er village français de tiny houses
Depuis 2021 : Co-fondatrice de 21-22, agence de redirection écologique
Hervé Dupied (L’Isle-en-Rigault, Meuse)
Associé de l’agence et membre du comité de mission. Biographie.
2007-2012 : Ms. Eng. ICAM Lille
2012-2014 : SSI Schaefer (Autriche) - Sales Project Manager
2015 : Animo - 7,500 km de marche à travers l’Amérique Latine
2016-2021 : Patagonia (Amsterdam) - Environmental Initiatives Manager EMEA
Depuis 2021 : Redirectionniste associé chez vingt et un vingt deux
Adrien Falewee (Annecy, Haute-Savoie)
Partenaire de l’agence
2006-2012 : Ms. Eng. ICAM Lille
2013-2018 : Coordinateur puis manager de projet chez Technip
2019 : L’échapée belle - 3,000 km de marche à pieds à travers la Nouvelle-Zélande
Depuis 2020 : Chef de projet Transition Ecologique indépendant, partenaire de 21-22
Victoria Morin (Paris, Île-de-France)
Partenaire de l’agence
2001-2004 : ISCOM et ESCG
2003-2019 : 15 ans dans le secteur aérien, dont 13 chez Etihad Airways sur des fonctions de marketing et communication
2018-2020 : Master Dév. Durable Dauphine
2020 : Responsable Communication de l’association La Fresque du Climat
Depuis 2021 : cheffe de projet Climat indépendante, partenaire de 21-22
Arnaud Marec (Tiercé, Maine-et-Loire)
Membre de l’agence Biographie
2004-2008 : Essec Business School
2008-2020 : Postes de responsables innovation et business development, marketing B2C et communication et Marketing au sein des entreprises Elis , Eqiom (ciment), Groupe Atlantic (génie climatique)
Depuis 2020 : Redirectionniste chez vingt et un vingt deux
2020-2021 : Formation aux méthodes Bilan Carbone et ACT (Assessing Low-Carbon Transition) de l’Ademe
Expertises et références : le parcours de redirection écologique
Le travail que nous avons mené avec nos clients sur la période 2020-2022 est décrit sur ce que nous avons appelée le “Parcours de Redirection Ecologique”, dont un extrait est affiché ci-dessous.
Allez sur la page du parcours et cliquez sur les blocs pour avoir plus d’informations sur chaque brique de travail et sur “Clients” pour voir les parcours de nos principaux clients.
Les 5 “étapes” : Sensibilisation - Observation - Impulsion - Acculturation - Concrétisation n’ont pas à intervenir dans un ordre prédéfini ; cela va dépendre de là où en est l’entreprise cliente, de ses ressources disponibles, de ses facteurs limitants et des intuitions qui se dégageront des échanges avec nos interlocuteurs.
Ces briques de travail sont contractualisées avec les clients selon deux modes distincts :
- L’intervention ponctuelle, pour des ateliers de sensibilisation notamment. Le travail peut s’arrêter là, mais donne régulièrement lieu à des échanges permettant d’envisager d’enclencher d’autres briques de travail
- Le format que nous appelons “Base Arrière” ; un volume de travail est réservé pour le client chaque mois (en général 10 à 30 heures), en fonction des ressources disponibles sur des durées de plusieurs mois, voire années, pour avancer sur différentes briques de manière continue.
“L’Atelier de Redirection Ecologique”: l’espace de travail “R&D”
Comme expliqué dans l’introduction (voir Les limites à l’accompagnement d’entreprises), nous avons souhaité compléter la pratique d’accompagnement des entreprises sur le chemin de la redirection par un espace de travail de “R&D”.
Les principes de fonctionnement de cet espace de travail sont pensés pour nous permettre de passer du temps à façonner des produits, des projets, des services, compatibles avec les limites planétaires et qui nous semblent essentiels à la redirection écologique de secteurs clés.
Voir Présentation de l’Atelier
En 2022, nous avons beaucoup travaillé à l’idéation, la conception et le prototypage du projet “Terrabella”, dont le but est d’intégrer à certains métiers, tels que la maintenance des bâtiments et le logement social, la capacité de développer des aménagements paysagers régénératifs et fertiles (sur le modèle des jardins forêts comestibles) dans des espaces urbains et péri-urbains.
Sur 2021-2022, Aurélie s’est formée et a travaillé à co-organiser des premiers formats de stages d’écopsychologie, en pratiquant la spirale du “Travail qui relie”, afin notamment d’être en mesure d’intégrer cette étape dans le parcours de redirection écologique de l’agence.
Journal de bord, Septembre 2022
L’intention de ce “journal de bord” est de permettre aux trois associé.es de raconter comment ils vivent la mission et d’exprimer leurs ressentis sur l’alignement entre les activités de vingt et un vingt deux et sa raison d’être
Autrice du Journal : Gaétane Poissonnier
L’animation d’ateliers dans le cadre de la phase d’éveil représente l’essentiel de mon temps pour 21-22. La phase d’éveil, c’est la première étape, incontournable, de l’accompagnement d’un client. L’objectif, c’est de réaligner l’ensemble de nos interlocuteurs, aussi largement que possible dans l’entreprise, sur un même niveau de compréhension des enjeux écologiques. On utilise la fresque du climat, des quizz, des tests, et plein d’autres formats d’ateliers participatifs.
Je suis toujours alignée dans ces phases d’éveil. Quel que soit le public, quelle que soit l’entreprise, que l’intervention dure 1h, 3h ou la journée entière, je suis toujours enthousiaste. On voit clairement que certaines personnes sont touchées. Parfois, il y a des prises de conscience assez fortes, des émotions visibles. Je vois l’impact de ces heures de travail à l’échelle des individus.
Par contre, à l’échelle des entreprises, ce n’est pas aussi simple. Un certain nombre s’en tient à la phase d’éveil avec 21-22 : soit parce qu’ils ne font rien derrière, soit parce qu’ils agissent seuls, ou avec d’autres partenaires.
Il y a quand même plusieurs entreprises avec lesquelles on travaille sur le long terme, notamment quelques mastodontes, en format « base arrière ». On ne leur livre pas les solutions clés en main : on les aide à s’approprier les sujets et à monter en compétence. On est là en back up, pour répondre aux questions, leur éviter de prendre des mauvaises directions, leur faire gagner du temps.
On accompagne depuis deux ans la direction département durable d’une grande compagnie aérienne. Clairement, cette entreprise n’a toujours pas pris de mesures fortes sur la sobriété et la réduction du trafic. Mais de l’intérieur, on sent que les choses changent. On les a poussés à faire un engagement SBT, pour « Science Based Target » : c’est une initiative qui propose une méthodologie aux entreprises pour qu’elles se fixent des objectifs de réduction des émissions compatibles avec les accords de Paris. Petit à petit, nos interlocuteurs dans la compagnie sont arrivés seuls à la conclusion qu’il serait temps d’envisager des scénarios de réduction du trafic aérien. Une présentation sur la sobriété a été faite à la PDG, alors que ce mot était clairement tabou encore quelques mois auparavant. Je suis sensible à ces petits signes, je me dis : petit à petit, on va toucher du doigt les vrais sujets.
La trajectoire « Science Based Target » a aussi été efficace chez un producteur d’emballages en verre avec qui l’on travaille en format « base arrière » depuis deux ans. À l’époque, ils réfléchissaient à l’amélioration des fours et du transport. Grâce à la trajectoire SBT, ils se sont rendus compte que ces leviers-là n’étaient pas suffisants pour réduire leurs émissions. Ils travaillent désormais sur le réemploi du verre, qui était tabou auparavant.
Malgré ces avancées, je ressens parfois un malaise. Pour la compagnie aérienne, on travaille surtout avec l’équipe de développement durable, qui est très consciente des enjeux. Mais ce n’est pas une conscience généralisée dans l’entreprise. Les autres équipes cherchent encore à vendre toujours plus de billets et toujours plus de vols.
Parfois, je ressens un peu de lassitude dans l’accompagnement des entreprises : c’est un peu décourageant d’avoir aussi peu de prise sur les transformations. Ce sont elles qui bougent, à leur rythme, trop lentement. Peut-être qu’un jour, j’aurai envie de m’engager dans la coordination de la réponse aux catastrophes naturelles qui ne manqueront pas d’arriver, auprès de la Croix-rouge ou de la Protection civile par exemple. J’aurais essayé de limiter les dégâts avec 21-22, mais une fois qu’ils seront là, il faudra bien les gérer.
En attendant, j’aimerais développer des ateliers d'éco-psychologie dans le cadre de 21-22. Ce serait la suite logique de la phase d’éveil, parfois difficile à vivre car elle fait naître des émotions fortes. J’ai organisé une spirale de « Travail qui relie » pour les étudiants du master de redirection écologique. Les étudiants y apprennent plein de choses sur l’anthropocène et les désastres écologiques. Or, une fois qu’on a compris ces enjeux, il est fondamental de trouver l’énergie et le courage de contribuer à la redirection, en lien avec nos émotions profondes.
La phase d’éveil, j’aime ça. Avec la fresque, les quizz, les tests, je pense que l’on fait bien accélérer la compréhension des enjeux. Et dans ces interventions de quelques heures, je crée des relations très franches. Je les fais entrer dans une bulle, dans laquelle je m’exprime sans me distordre. Pour la plupart, je ne les reverrai pas. C’est comme un temps à part. Mon épanouissement personnel est très lié à la qualité de mes relations, et dans cette phase d’éveil, mes relations sont très bonnes.
Mais pour quel impact ? C’est très dur à mesurer. Avec 21-22, on veut avoir un impact sur le modèle économique. Aujourd’hui, de la redirection écologique “pure”, j’en fais encore peu ; m’étant concentré sur ces derniers 18 mois à développer mon premier réseau de clients et ma sécurité financière. Mais on en fait de plus en plus : en ce moment, j’essaie de renouer ou de consolider certaines relations avec des entreprises chez qui je suis allé faire la phase d’éveil. Je les choisis en fonction de la qualité de ma relation avec ces personnes, des leviers d’action qu’elles possèdent, et je leur propose de passer à l’étape suivante.
Dans ces choix, je ne cherche pas particulièrement à éviter les entreprises les plus polluantes. Toutes les entreprises aujourd’hui participent d’une façon ou d’une autre au désastre écologique, que ce soit celles qui pompent le pétrole ou pas, qu’elles déforestent elles-mêmes ou pas. Elles vont peut-être devoir complètement se transformer, se réduire, mais elles auront, pour la plupart, toujours un rôle à jouer en 2050. Je souhaite les accompagner dans la direction qui préservera l’habitabilité de notre Terre en se focalisant aussi sur les personnes qui “font” ces sociétés. En effet, plus on dépasse les limites planétaires, plus le sujet devient personnel, physique, anxiogène. On sent que les gens ont besoin d’aide et qu’ils et elles ne sont pas loin de craquer dans des dissonances toujours moins tenables.
Pour moi, c’est donc essentiel de travailler à rediriger le système existant qui tend vers cette chimère qu’est la durabilité. Nous sommes déjà passés bien au-delà des limites planétaires pour espérer que le monde de demain puisse être durable. Alors il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier et arrêter de cultiver l’optimisme typique des team building où on se dit “On va y arriver” afin de se trouver des justifications pour continuer des micros pas qui mènent dans une impasse. Il faut ainsi préparer sa résilience personnelle et celle de sa communauté à l’aube du monde d’après, malheureusement déjà trop présent. C’est ce que j’essaie de faire chez moi, dans la Meuse, avec ma femme et les habitants de mon village. Car ma résilience personnelle se pense, à minima, à l’échelle de mon territoire qu’est L’Isle en Rigault.
Terrabella, projet né dans le cadre de “21-22 Atelier de Redirection Ecologique”, est à la croisée des chemins. Concrètement, il s’agit de transformer toutes les pelouses, qui constituent l’essentiel des espaces verts urbains et péri-urbains aujourd’hui, en jardins-forêts comestibles que la population pourra s’approprier. Vincent et moi, on s’est formés aux jardins-forêts sur trois jours aux Alvéoles, dans la Drôme. On ne tient pas à devenir experts, on n’a pas peur d’entreprendre avant d’avoir toutes les clés.
Terrabella me permet à la fois de travailler ma résilience locale, car je crée aussi des jardin-forêts chez moi et j’y réfléchis pour les espaces communaux de mon village, et d’avoir de l’influence sur le système actuel, puisqu’on a lancé un prototype avec un de nos clients dans le cadre de l’agence. C’est une grande entreprise qui fait de la maintenance de grands bâtiments partout en France. Ils s’occupent autant du chauffage que de la plomberie et du ménage. Mais ils entretiennent également les espaces verts accompagnant les bâtiments. Actuellement, ce sont simplement des milliers de mètres carrés de pelouse. C’est nul ! Nous, on leur a dit : en bons capitalistes, un espace vert avec de la pelouse, c’est contre-productif, un sous-investissement non rentable. Vous pourriez en faire tellement plus. Les transformer en jardins-forêts, c’est en faire à la fois des îlots de biodiversité, de fraîcheur et des espaces nourriciers : productifs en nourriture, en liens sociaux et sensibles afin de reconstruire et “ressentir” ce qu’est un écosystème plein de vie(s).
On expérimente un premier jardin-forêt de 1 800m2 dans le siège d’une des filiales de cette grosse boîte. On travaille avec des employés : il s’agit d’internaliser les compétences dans l’entreprise nécessaires à ce projet afin qu’ils et elles puissent le vendre à leur base de clients. Donc on change leur offre commerciale et cela se rapproche du cœur de notre métier de redirectionniste. Après les avoir convaincus qu’ils avaient un rôle important à jouer dans la décarbonation et la circularisation du bâti, nous avons en parallèle voulu faire en sorte que cette entreprise, qui intervient dans la maintenance de très nombreux bâtiments du pays, contribue à intégrer l’habitat, et le travail de bureau, dans des écosystèmes vivants et nourriciers. D’ailleurs, ces deux projets - de transformation de leur offre de maintenance en offre de décarbonation et d’enrichissement de leurs activités avec Terrabella - sont menés dans le cadre de la commande passée au Master Strategie et Design pour l’Anthropocène, avec Margaux, qui est maintenant en stage dans l’entreprise et va potentiellement y prendre un poste à l’issue de son stage.
En ce moment, on travaille sur la palette végétale : on décide de tout ce que l’on va planter, des arbres aux arbustes, en passant par les couvre-sols. Il faut prendre en compte les contraintes du terrain (ensoleillement, qualité du sol, etc.). La contrainte que l’on s’impose, c’est que la maintenance du jardin soit la plus simple possible : c’est un facteur-clé de réussite pour qu’ils et elles puissent le mettre dans leur catalogue d’offres commerciales. C’est chouette de se demander et de prototyper ce qu’est le métier de la maintenance de demain.
Début de l’année prochaine, on plante. L’idée, après ce premier test, c’est que l’entreprise propose cet aménagement à ses clients, comme possibilité de valorisation des espaces verts. Que ça fasse tache d’huile. Est-ce que ça sera une marque dans 21-22, un produit de 21-22 ou une entreprise à part entière ? On verra. C’est hyper excitant. Notre promesse, c’est d’y consacrer du temps.
Les activités de sensibilisation et d’acculturation ont représenté la majorité de notre travail sur la période 2020-2021. Hélène Le Teno, du comité de mission, nous a demandé en Décembre 2021 : « Comment savez-vous que ces ateliers ont les effets escomptés ? Votre raison d’être, ce n’est pas une obligation de moyens de sensibilisation, c’est aussi une obligation de résultats. » On n’avait pas de réponse pour Hélène.
L’étape de sensibilisation est nécessaire, mais non suffisante. Alors, on a fait en sorte d’éclaircir notre agenda, afin de pouvoir prendre le temps de recontacter certains clients bien choisis, et de leur proposer un accompagnement plus approfondi. Il s’agit de capitaliser sur les relations déjà créées, plutôt que de continuer à aller faire de la sensibilisation et de la formation chez toujours plus de nouveaux clients.
Dans nos clients historiques, il y a une grande compagnie aérienne, dont Aurélie vous a déjà parlé. On accompagne la direction développement durable en format base arrière, un peu comme une cellule de soutien. On les aide dans l’urgence : par exemple, quand il y a une polémique autour de leur communication sur l’impact carbone des vols. On leur explique pourquoi ce qu’ils disent pose problème (par exemple, que planter des arbres pourrait annuler l’empreinte carbone d’un vol). On les a aidés à construire un site web dédié pour expliquer concrètement ce qu’ils mettent en place et à trouver des formulations plus justes, et à y incorporer les sujets jusque-là tabou, comme la place de l’évolution du trafic dans la transition du secteur. Ce soutien qu’on leur apporte sur la communication, ce n’est pas de la redirection en tant que tel, mais cela participe à un virage culturel et permet d’améliorer leur compréhension des enjeux. Et cela nous rend légitime pour aborder avec eux des sujets plus profonds.
J’ai notamment produit une note sur la disponibilité des carburants alternatifs. C’est un peu l’excuse du secteur aérien : on attend les carburants alternatifs. Sauf que rien ne dit qu’ils seront disponibles en quantités suffisantes. Biocarburants ou pas, il faut envisager une modération du trafic aérien. C’est là le plus gros enjeu : leur faire comprendre que le trafic aérien ne pourra pas croître indéfiniment, et qu’il leur faut réfléchir à un modèle économique adapté, notamment en diversifiant leur activité. On adapte notre langage à notre interlocuteur : avec certains, on parle de modération de la croissance, avec d’autres, on peut carrément parler de sobriété. On a aussi lancé le sujet de l’alimentation à bord et de la nécessaire évolution de la notion même de tourisme, avec des premiers ateliers de travail.
Ce qui est clé dans la base arrière, c’est qu’on aide plus des individus qu’une entreprise. On connaît bien les équipes qu’on accompagne, on est là pour les aider, les soulager, et leur permettre de monter en compétence. Un risque est que les gens compétents dans ces services s’épuisent et s’en aillent. Ces fonctions dans les grandes entreprises peuvent être des postes difficiles. Les dissonances, c’est eux qui les vivent, beaucoup plus que nous. On les aide à surmonter ça, à être le plus solide et le plus convaincant possible auprès des autres directions. Ils sont vulnérables, ils peuvent développer de l’éco-anxiété.
C’est le blocage le plus important : dans certaines équipes, le niveau de sensibilisation augmente, mais pas dans les autres. Et eux tout seuls, ils ne peuvent rien faire. C’est une faiblesse de notre dispositif : on n’est qu’au contact de cette équipe-là, qui accuse le coup et qui n’a pas toutes les marges de manœuvre.
Malgré ça, si on continue, c’est que la DG soutient ce qu’on fait. L’objectif pour les mois à venir, c’est de creuser le sujet de la diversification des activités. Sur quels métiers la compagnie pourrait-elle se positionner à l’avenir ? On aimerait avoir une présentation solide sur le sujet, avec des points sur lesquels ils pourraient concrètement investir dès maintenant : les trains de nuit, de nouvelles offres de voyages, plus locales, plus sobres ou plus lointaines, mais sans avion, les chaînes de valeur de bioénergies etc
Le format « base arrière » se heurte parfois à des impasses. On a travaillé quelques temps pour une start-up de la néo-assurance (habitation, voiture, etc.). Ils nous ont contactés pour « enrichir le volet RSE » ; on leur a proposé une approche redirectionniste. On a dit : « votre rôle, ce n’est pas que vos 100 salariés viennent en vélo au bureau, ou que votre appli soit “green”, ça sera d’aider le grand public, les assurés à enclencher une transition vers un mode de vie sobre, résilient et peu polluant, sur l’habitat et la mobilité. Vous pourriez par exemple leur proposer un diagnostic mobilité, les “coacher” sur les changements à enclencher. Bien sûr, cela suppose de peut-être leur suggérer de se séparer d’une voiture, et de l’assurance qui va avec. Mais cette démarche pourrait fidéliser les clients et faire de vous un pionnier de votre secteur. »
Notre interlocutrice était à l’écoute, les fondateurs beaucoup moins. On voyait que ça n’avançait pas. On a essayé d’autres approches, on a commencé à travailler sur le statut d’entreprise à mission, ça n’a pas pris non plus, malgré tout le travail fait avec les équipe, on a fini par partir. Pour être honnête, c’était un vrai soulagement. Je comprendrais qu’on nous trouve lâches : partir, c’était fuir la difficulté. Mais j’en étais arrivé à un point où je ressentais presque du mépris pour les fondateurs, un mépris presque irrévérencieux. J’avais une sidération teintée de colère. Et je ne peux pas travailler avec des gens que je méprise. Tous nos autres clients, je les apprécie et je les respecte, où qu’ils soient dans leur cheminement.
Il y a un autre projet dont on est partis. Un ami, acteur du monde financier, m’a écrit pour me proposer de l’aider à flécher de l’argent, un pouillème de l’épargne collectée par un mastodonte de l’assurance, vers des associations écolos. J’ai pensé : « De l’argent pour les assos, c’est toujours ça de pris. » Mais en commençant à travailler, je me suis senti mal à l’aise et on a arrêté. Ce genre de projet, c’est l’antithèse de la redirection écologique. Ce n’est pas notre raison d’être. Typiquement, pour ce genre de projet, notre statut d’entreprise à mission est une bonne boussole.
Même quand il se passe bien, le travail d’accompagnement en entreprise a ses limites. On n’a pas toutes les ficelles, ça ne va pas souvent dans le sens que l’on veut, ou en tout cas pas assez vite. J’ai compris qu’il pouvait être plus cohérent de ne pas me mettre à temps plein dans cette position. Elle peut devenir lassante et éroder ma capacité à préserver ma “posture” de “redirectionniste”.
Auprès des entreprises, on travaille à rediriger l’ancien monde vers le nouveau monde. Mais pour se sentir équilibré, j’ai aussi besoin de contribuer à créer les “nouveaux systèmes”, à inventer le monde de demain. Pour cela, on a créé un cadre de travail, de coopération et de gouvernance, pensé pour incuber des projets : l’atelier de redirection écologique. Dans cet atelier, un premier projet : Terrabella, qu’Hervé a mentionné.
L’idée de Terrabella, ce n’est pas de vendre des jardins-forêts. Là, on cherche à introduire une nouvelle norme d’aménagement, le jardin-forêt, dans une entreprise nationale de la maintenance des bâtiments. L’entreprise chez qui on travaille nous fait confiance pour un premier projet pilote. Un responsable commercial du site pilote est aux manettes à nos côtés et se forme avec nous. Il est enthousiaste. Il y voit aussi de nouvelles opportunités de contrats, un nouveau produit à vendre. On espère effectivement qu’ils pourront ensuite proposer ces projets de biodiversité urbaine et nourricière à leurs clients.
Une fois que l’on aura testé le dispositif et le processus, on mettra à disposition les informations et outils dont on a eu besoin. Qui veut s’en emparer le pourra : des entreprises, des communes, des particuliers, jusqu’à ce que cela devienne auto-portant, un peu comme la fresque du climat. Que chaque pelouse devienne un îlot de biodiversité nourricier, porteur de lien et de pédagogie, c’est un beau rêve, auquel il est enthousiasmant de participer.
Avec tout cela, je crois que l’on remplit plusieurs des missions que l’on s’est données, mais pas toute : la diffusion des connaissances sur la redirection (nous ne consacrons pas de temps au projet “blog”), la contribution à illustrer artistiquement le récit d’un monde redirigé et le sujet des donations. Mon idée, c’était de donner un certain pourcentage du chiffre d’affaires à des associations à la fin de chaque année. En pratique, nous utilisons plutôt nos excédents pour travailler sur des projets pas encore rémunérateurs, notamment dans le cadre de l’atelier de redirection écologique. Ces points méritent discussion. Veut-on vraiment les garder dans nos missions ? Si oui, il faut y travailler.
IV-Déclinaison des objectifs en engagements opérationnels
Cette partie présente la définition des engagements traduisant nos objectifs statutaires. Pour chaque objectif, nous exprimons nos intentions et avons défini un ou plusieurs engagements quantifiables et leur trajectoire.
A noter que les engagements des objectifs V et VI renvoient à des engagements pris pour les objectifs II, III et IV.
Une synthèse des engagements est disponible dans la partie “V-Conclusion”.
Les engagements font référence aux briques de travail de l’Agence, à l’“Atelier de Redirection Ecologique” et au “Journal de Bord”, présentés dans la partie précédente.
L’étape de sensibilisation consiste à faire comprendre à nos interlocuteurs les dimensions systémiques, multi-factorielles et l’ampleur des dépassements des limites planétaires, intégrant un aperçu de ce qu’exigent des trajectoires de “transition” à la hauteur de ces enjeux.
Nous voyons cette étape comme le démarrage d’un processus d’acculturation profond, qui doit contribuer à faire évoluer les modes de décision au sein des organisations. Cette étape est également pour nous un pré-requis à toute collaboration avec un client pour nous assurer de partager une base commune sur les constats avant d’entamer une réflexion vers la redirection écologique.
Aujourd’hui, cette étape de sensibilisation est largement réalisée grâce à la Fresque du Climat complétée d’une conférence interactive. Compte tenu du déploiement actuellement exponentiel de la Fresque du Climat, nous anticipons qu’à l’avenir, de de plus en plus de clients et prospects auront déjà vécu cet atelier, et que nous poursuivrons notre objectif de sensibilisation grâce à d’autres contenus.
INTENTIONS
En 2023-2024, nous souhaitons :
- continuer à enrichir nos contenus de sensibilisation avec certains partenaires avec qui nous partageons des objectifs et des valeurs communes. Nous avons par exemple développé une offre pour un client avec la AXA Climate School, qui propose des outils très intéressants de déploiement de contenus de qualité en e-learning, ce qui permet de s’adresser à l’ensemble des salariés de grandes entreprises et dans plusieurs pays. Hélène Le Teno, membre de notre comité de mission et co-fondatrice de la “Heart Leadership University” nous invite également à creuser des éléments nous permettant d’illustrer les blocages systématiques liés aux verrous psycho-sociaux et à la nature même des gouvernances des entreprises (voir encart ci-dessous)
- continuer à enrichir nos liens avec des associations comme la Fresque du Climat, la Fresque de la Biodiversité et Inventons Nos Vies Bas Carbone
- partager plus largement nos méthodes d’animation telles que nos conférences interactives (modèle à déterminer : participation libre, droits d’utilisation…)
- proposer des ateliers de sensibilisation à nos “parties prenantes” (en dehors de l’écosystème de la transition écologique, déjà sensibilisé) : We Doo Accounting, Odoo, Qonto ?
ENGAGEMENTS
Objectifs | Echéance | Précision | Etat 2022 | Preuve |
I-1. Nos clients sont passés par une étape de sensibilisation | Taux > à 80% dès 2022 et à garder au-dessus de ce seuil par la suite | Taux en nombre de clients | 91%
| - Atelier Fresque du Climat + quiz interactif 21-22 pour les clients pour lesquels cette étape est passée avec l’agence → Voir base de donnée analytique des lignes de factures clients
- Pour les clients ayant déjà fait cette étape avant que nous intervenions : la vérification est faite par le responsable 21-22 de la mission (preuve = mail client ou attestation du responsable 21-22) |
I-2. Le déploiement de l’étape de sensibilisation, au-delà du cercle de nos interlocuteurs, est initié chez nos clients | Taux > à 60% à partir de 2024 et à garder au-dessus de ce seuil | Taux en nombre de clients | 45%
voir tableau | Objectif considéré atteint pour un client dans les situations suivantes :
- Formation à l’animation de la phase de sensibilisation chez nos clients, faite par nous → Voir base de donnée analytique des lignes de factures clients
- OU Mise à disposition de nos outils (type Mentimeter) à des partenaires
- OU déploiement des ateliers de sensibilisation à la totalité ou quasi totalité des collaborateurs
- OU pour les autres : attestation du responsable 21-22 et/ou mail ou publication client |
Avis du comité de mission
Co-fondatrice Heart Leadership Institut
“Les limites de votre démarche de sensibilisation : Apporter des infos sur les impacts globaux n’a que peu d’impact sur 60 à 80% de la population. Car il faut toucher les personnes « dans leur système de valeurs a eux”. Voir ci-dessous la synthèse des commentaires et suggestions d’Hélène sur ce point.
Je suis toujours mal à l'aise avec le mot “sensibiliser” : on ne peut pas sensibiliser quelqu’un qui n’a pas de corde sensible. Quand on parle au cerveau, on est plutôt en train d’informer, de former, de faire découvrir, d’approfondir. Je pense aussi qu'il faudrait clairement affirmer le fait qu'il n'y a que peu de liens entre ce qu’on sait, ce qu'on ressent et ce qu’on fait, et que les leviers de changement individuel et collectif sont dans l'immersion (dans une activité verte), l’identification (par la rencontre avec des dirigeants et managers qui ont déjà fait un virage), le jeu de rôle/la mise en situation.
Globalement, on ne fait pas changer de comportement un « dominant » par de la sensibilisation. Si vous souhaitez faire levier dans les entreprises (et surtout, débloquer la strate du haut, pas les managers/collaborateurs), il faut creuser sur l’égo du dirigeant, et aussi sur son « dark factor ».
Quand des personnes sont plutôt dans des systèmes de valeurs « systémique » (tout est lié, ce que je fais a des impacts globaux) ou expansion (viser le progrès de l’humanité par exemple), ces valeurs motivent leurs actes.
Quand des personnes ont un système « famille », ce qui leur importe c’est leur bien être et le bien être de leurs proches, et ils ne vont pas changer de système de valeurs après quelques explications sur les conséquences de leurs actes – car les valeurs « les constituent profondément ».
Donc, apporter des informations sur les impacts globaux n’a que peu ou pas d’impact sur 60 à 80% de la population.
Les approches les plus efficaces sont celles qui permettent de toucher les personnes « dans leur système de valeurs à eux ».
Par exemple, si tu veux faire bouger dans ton entreprise un commercial qui a un système famille, tu mets une règle du jeu « système de rémunération variable indexée sur la vente de produits plus verts », et il va vendre du vert. Pas la peine de lui parler de l’ours polaire…
Les aptitudes empathiques sont très variables selon les individus. Beaucoup de leaders ont un défaut d’empathie structurel, et donc 1 milliard de morts dus au changement climatique ne génèrent aucune réponse émotionnelle, et donc, aucune ou peu d’action.
Remarque : on peut avoir un fort déficit d’empathie, mais un cadre moral qui va néanmoins conduire à agir > ça pose la question de qui établit une morale dominante et sur quels sujets
Remarque 2 : même avec peu d’empathie, on peut faire une redirection écologique pour des raisons utilitaires, pour empêcher son entreprise de couler, et/ou parce qu’on a l’intuition que si on ne fait rien, ça va couler.
Enfin, faire levier sur les personnes, sans considérer le « cadre de jeu », tel que le type de gouvernance de l’entreprise (partage des droits de vote, de la valeur créée, de l’info etc. ), ça ne marche pas bien.
C’est donc important de considérer que même si tu as beaucoup d’intelligence du cœur, tu peux/vas être bloqué par tel type de modele de gouvernance, et en quoi il faut redesigner la gouvernance pour une vraie redirection.
Suggestions de ressources pour vous aider à approfondir ces dimensions :
- le livre « biologie du pouvoir » de JD Vincent, qui parle très bien des profils dominants, et de l’exercice du pouvoir. Voir une fiche de résumé sur le site web HLU.
- la méthode des systèmes de valeur de Kairios (USA)/ observatoire des valeurs (France). La page permettant de faire le diagnostic (en français ou en anglais)
- le sondage « dark factor » ou test de la triade noire (traits de type narcissisme, psychopathie, machiavélisme), très utile sur des populations de dirigeant Article de présentation du sujet : Qu’est-ce que le test de la triade noire ?
« En règle générale, il est utilisé pour cerner les profils de tueurs ou de personnes impliquées dans des affaires judiciaires graves. Toutefois, des études ont démontré que la triade noire ne concerne pas uniquement les profils dangereux. Les personnes avec des postes à haute responsabilité, dans le monde des affaires ou avec un bon sens du leadership, ont une personnalité s'appuyant sur un ou plusieurs éléments de la triade noire. »
- Rapport à paraitre de notre étude « Le pouvoir du cœur » menée par Prophil qui sera publié d’ici 1 mois.
- Un quizz de niveau d’empathie
- Un article qui reprend ces mêmes messages :
Illustratrice & Facilitatrice graphique
Avez-vous un outil de mesure de “l’efficacité” de la phase d’éveil ? Retours, évaluation de l’effet sur les personnes (sur le moment + avec un peu de recul), de si elles ont appris des choses, creusé le sujet après, modifié des choses dans leur comportement ou leurs opinions tant perso que pro après cette phase ?
Réponse : Nous ne mesurons pas spécifiquement l’impact de nos interventions lors de cette phase. Nous nous limitons aujourd’hui à deux éléments :
- Notre ressenti, sur le moment, de par les échanges que nous avons avec certains des participants. Cela nous permet de comprendre pourquoi et comment certaines personnes ont été particulièrement touchées. Plutôt que de nous intéresser aux personnes qui ont potentiellement été moins touchées, nous avons tendance à créer des conversations et des relations de confiance avec ces personnes-là, ce qui amène en général ensuite des échanges permettant d’aller au-delà de cette phase.
- Notre effort à ne pas se satisfaire de déployer cette phase à large échelle pour plutôt approfondir la démarche avec les clients que nous sentons prêts à avancer sur le parcours de redirection (voir objectif III)
Cette notion d’équilibre est au coeur de la philosophie d’action de l’agence. Les transformations de nos modes de vie, dans l’Anthropocène, sont profondes et demandent donc du temps, de la disponibilité. C’est pourquoi nous ne voyons pas l’agence comme un moyen d’accumuler des revenus, mais comme une maison commune nous permettant d’être sereins sur nos besoins quotidiens, sans être “captifs” de notre travail et nous permettant de prendre le temps d’enclencher ces transformations à différents niveaux, notamment personnels et locaux.
Cet équilibre s’accompagne de l’importance pour nous de la notion “d’alignement” ; ne pas être captifs de l’agence signifie aussi ne pas être captifs de nos clients et pouvoir refuser, renoncer ou arrêter des projets si nous sentons que notre travail n’est pas aligné avec notre mission, si des dissonances fortes surviennent.
INTENTIONS
En 2023, nous souhaitons :
- Continuer les projets dans lesquels nous sommes impliqués en-dehors de l’agence
- Continuer à se sentir alignés dans notre travail, à écouter notre coeur, choisir nos clients et savoir s’exfiltrer de sujets présentant des risques de non alignement avec notre mission
- Etre sur un rythme d’activité permettant à chacun des associé.es de garantir sa “sécurité financière” : c’est-à-dire des rémunérations nous permettant de couvrir nos besoins personnels et de ressentir de la sérénité. Nous avons défini en début d’année 2023 nos besoins spécifiques, en observant nos structures de coûts personnels.
Objectifs | Echéance | Statut | Preuves |
II-1. Les associé.es de l’agence participent à au moins un projet permettant d’expérimenter et de développer des modes de vie plus sobres, moins polluants, plus résilients, plus collectifs et solidaires | Dès 2022 | Atteint | Aurélie : X-Urgence Ecologique, Ty Village
Hervé : Association l’Isle en Rigault
Vincent : Association le 122 |
II-2. Les associé.es de l’agence se sentent alignés dans leur travail | Dés 2022 | Atteint | Déclarations associé.es, journal de Bord
Voir notamment les cas “d’exfiltration” (renoncement à des missions par manque d’alignement) |
Avis du comité de mission
Co-fondatrice Heart Leadership Institut
Oui ça me parait tout à fait cohérent, à la fois pour la question d exemplarité, et aussi de "cas" qui peuvent être partagés avec les clients
Illustratrice & Facilitatrice graphique
Je trouve ces objectifs particulièrement signifiants, je pense qu’ils sont importants pour « garantir » votre intégrité/alignement avec votre mission
Ne pas se contenter des étapes de sensibilisation et d’acculturation, et aller au-delà, avec plusieurs de nos clients, sur les briques de travail composant les étapes d’observation, d’impulsion, de conception et de concrétisation.
INTENTIONS
En 2023-2024, nous souhaitons
- continuer à enrichir et améliorer le parcours de redirection écologique : aujourd’hui, nous l’avons simplement composé des briques de travail que nous savons réaliser, sur la base de ce que nous avons fait pendant 3 ans avec nos clients (exception faite de la brique “protocoles de renoncement”, que nous avons souhaité faire apparaître de par son importance dans le cadre de la redirection écologique)
- explorer l’idée d’aider des professionnels de la sensibilisation à s’approprier le parcours de redirection écologique afin qu’ils puissent aller plus loin avec leurs clients, ou d’autres moyens pour rendre le parcours de redirection déployable à plus grande échelle
- continuer à “faire de la R&D”, c’est-à-dire travailler sur des sujets de fond, hors sujets clients, pour enrichir notre pratique et faire émerger des projets concrets au sein de notre écosystème (dans le cadre de “l’Atelier de Redirection Ecologique” notamment)
Objectifs | Echéance | Etat 2022 | Preuves |
III-1. Consacrer du temps à la “R&D” pour développer des projets concrets | 1 projet d’ici 2023
| Atteint | Terrabella
Intégration “Ecopsychologie” à nos compétences |
III-2. Amener nos clients au-delà de l’étape de sensibilisation | Au moins 1 client amené à l’étape Concrétisation | Atteint | Tediber |
Avis du comité de mission
Il est important de ne pas se perdre dans la sensibilisation. Notre retour d’expérience côté master : de plus en plus de commandes avec des entreprises, institutions ; il y a quelque chose qui percole vraiment, y compris avec le rationnement, notamment dans le monde des collectivités, c’est très net “on est rentré dans l’ère de la redirection, il faut qu’on se pose la question du renoncement, etc.” Il y a une disponibilité d’écoute et au-delà pour traduire des enjeux de redirection écologique. Vous allez avoir besoin de plus afficher que vous faites et savez faire ces briques plus avancées, de poser un cadre pour les personnes qui veulent adresser ce sujet ; en ce sens le cadre académique peut rassurer. Est-ce que l’affichage de 21-22 est assez clair pour cela ?
L’approche du parcours de redirection est très éclairante. Quand on regarde ce que l’agence fait, ce qui la distingue du développement durable c’est les étapes les plus difficiles à atteindre : protocoles de renoncement, écopsychologie, nouvelles offres… le reste est déjà fait par les cabinets RSE, auxquels nous ne souhaitons pas vous voir assimilés. Voir comment vous arrivez à nourrir dans votre boîte à outils ces briques qui sont le coeur de la Redirection Ecologique par rapport aux métiers du “Développement Durable”, de la “RSE” ?
Co-fondatrice Heart Leadership Institut
La partie R&D me paraît cohérente, je suis une adepte du "faire ensemble", expérimenter, apprendre par la pratique.
Illustratrice & Facilitatrice graphique
Curieuse de voir la suite, le projet autour des micro-forêts est très enthousiasmant ! Ça sera parlant je suppose y compris pour vos clients en phase « éveil » de voir ces projets, ces émergences là, pour comprendre la redirection.
Premièrement, sur le plan de la “diffusion” des champs des connaissances de la redirection écologique ; nous avons, sur les 3 premières années d’exercice de vingt et un vingt deux, que très peu communiqué, pour les raisons suivantes :
- Nous trouvons difficile de communiquer sur ce que nous faisons en tant qu’entreprise, sans tomber plus ou moins dans une forme “d’auto-promotion”. Cette tonalité ne correspond pas vraiment à nos personnalités
- Il y a déjà tellement de “bruit ambiant” sur les réseaux sociaux, dans l’espace médiatique, qu’il nous a peu intéressé jusqu’à présent de rajouter des éléments à cet espace saturé
- Nous souhaitons être vigilants quant à l’exposition du cadre de la Redirection Ecologique, avec le risque qu’il se retrouve instrumentalisé, comme les termes de “développement durable”, de “RSE,” “d’entreprise régénérative”, “d’impact positif” etc. et se retrouve vidé de sa substance
- Nous n’avons pas un gros besoin de communication car notre développement commercial n’est pas vraiment dépendant de cela aujourd’hui ; nos clients nous viennent principalement par bouche à oreille ou par nos partenaires, ainsi que via les demandes des entreprises à l’association de la Fresque du Climat, auxquelles nous répondons de temps en temps
Sur l’axe “contribuer à enrichir les champs des connaissances de la redirection écologique”, la manière la plus appropriée pour nous sur la séquence 2020-2022 a été de se rapprocher du corpus académique adéquat et donc du Master Strategy & Design pour l’Anthropocène. Ainsi, nous avons proposé au directeur du Master, Alexandre Monnin, de rejoindre notre comité de mission et avons travaillé avec le Master sur deux commandes concrètes :
- La redirection du secteur du matelas avec Tediber (2020-2021)
- La redirection de la maintenance de bâtiments avec VINCI Facilities Sud Centre Est (2021-2022)
Ces deux missions ont été très riches, et font partie de nos projets les plus aboutis. Les mémoires de Master des étudiants y ayant participé sont de grande qualité.
A titre d’exemple, le lien vers le mémoire de Margot Trabichet sur le travail mené sur la maintenance de bâtiments est disponible ici :
Nous avons également contribué au travail réalisé par Laura Maciel, étudiante de Sciences-Po Bordeaux, dans le cadre de son mémoire de 3 ème année, disponible sur ce lien.
INTENTIONS
Sur la période 2023-2024, nous souhaitons :
- Définir une vision commune de ce que nous pourrions communiquer à l’extérieur pour diffuser les champs des connaissances de la redirection écologique et nos retours d’expériences, et commencer à mettre en oeuvre cette vision
- Continuer à travailler avec le Master et générer une nouvelle commande avec un de nos clients
- Comme indiqué pour l’objectif III, explorer l’idée d’aider des professionnels de la sensibilisation à s’approprier le parcours de redirection écologique afin qu’ils puissent aller plus loin avec leurs clients, ou d’autres moyens pour rendre le parcours de redirection déployable à plus grande échelle
- Se rapprocher des autres acteurs de la redirection écologique pour partager nos pratiques et imaginer des choses en commun
- Suivre le lancement et le développement de l’Institut de Redirection Ecologique et si pertinent, y contribuer
- Travailler sur un site web pour l’agence, clair et accessible, sur lequel nous pourrons diffuser nos expériences et témoignages
Objectifs | Echéance | Etat 2022 | Preuves |
IV-1. Entretenir nos liens avec le monde universitaire et académique à travers différents projets de collaboration | Au moins 1 projet de collaboration | Atteint | 2 commandes passées au master entre 2020 et 2022
Participation à 1 mémoire de master |
IV-2. Participer à la formation professionnelle des étudiant·es en partageant notre expérience de la redirection écologique via la co-supervision de stages | Encadrement d’au moins 1 stage | Atteint | Encadrement de 3 stages |
Avis du comité de mission
Quelle place pour l’agence dans l’écosystème plus général de la RE ? Est-ce qu’il faut penser mutualisation ? Faire avec d’autres pour avoir une visibilité plus large et bénéficier à l’écosystème ? Comme vous le mentionnez, le cadre a son importance, quand on voit comment se développe la notion d’entreprise régénérative par exemple ; c’est le nouveau visage du greenwashing en repositionnant l’entreprise comme la solution au problème. C’est un sacré facteur de régression.
Je comprends votre posture discrète, mais il serait intéressant d’avoir des récits de redirection qui vous ressemblent, ne pas avoir de pudeur, pas trop d’humilité ; quand on a réussi à aller jusqu’à un certain point avec des clients, comme les cas de VINCI Facilities Sud Centre Est et Tediber. Et se poser la question de comment on structure ce qu’on sait faire pour que ça soit utilisable par d’autres ; et donc quel est notre rôle ? PENSER est le premier mot de votre raison d’être. Il faut le faire et cela se partage.
Votre écosystème peut sans doute bien se croiser avec celui de la pensée de la permaculture, de la “permaentreprise”; lieux de formations en permaculture et activités de conseils associées, comme vous le faites déjà avec Les Alvéoles pour Terrabella… L’exemple du dévoiement conceptuel de l’économie régénérative est très marquant, c’est exactement ce dans quoi on ne veut pas tomber ; ça fait penser à l’inversion des mots dans 1984, c’est fascinant.
Illustratrice & Facilitatrice graphique
La diffusion sur votre site (+ réseaux sociaux quand même j’imagine ?) me paraît insuffisante. Pour que ces objectifs soient remplis et que le travail puisse vraiment profiter à d’autres, il faudrait trouver d’autres canaux de diffusion (écoles de commerce et d’ingénieur, groupes professionnels, journaux spécialisés, colloques professionnels…).
Bien que nous ayons peu l’opportunité de travailler sur cet axe avec nos clients, il nous tenait à coeur de l’inscrire dans nos objectifs statutaires, tant la redirection écologique est profonde et ne peut se réduire au travail de transformation de l’économie. C’est bien une évolution culturelle et civilisationnelle dont il s’agit. L’art nous semble un champ essentiel pour diffuser, traduire et faire advenir ces évolutions, pour toucher, accompagner et guider les coeurs et les âmes sur ce chemin.
C’est une des raisons pour lesquelles nous avons demandé à Louise Plantin, artiste illustratrice de rejoindre notre comité de mission. Le travail de Louise nous a beaucoup marqué ; nous sommes inspirés par la puissance qu’un seul croquis peut avoir, et comment il peut en dire et en faire plus que des centaines de pages, d’ateliers de travail et de discours.
Nous sommes heureux de pouvoir illustrer cette partie des quelques contributions de l’agence aux projets mentionnés ci-dessous.
Objectif | Echéance | Etat 2022 | Preuves |
V. Au moins un.e associé.e de l’agence ou l’agence participe à au moins un projet permettant de contribuer, en faisant appel à divers formes d’art, à illustrer le récit d’un monde sobre, résilient, en équilibre avec les limites planétaires | Dès 2022 | Atteint | Aurélie : spectacle dérèglement acroclimatique
Hervé : Zian au Mont Blanc |
La contribution de l’agence au projet de l’éco-tournée Talanoa de la compagnie théâtrale Oxymore, qui montre à lui seul la puissance des arts dans l’accompagnement de la redirection. Voir la vidéo de résumé de la tournée :
Hervé Dupied et Simon Charrière ont puisé dans leur amitié et dans leurs souvenirs d’alpinistes pour raconter cette histoire de montagne à hauteur d’enfant. Un conte initiatique et drôle qui nous embarque à Lapinix, au pied du mont Blanc, pour un voyage inattendu au cours duquel notre héros devra s’aventurer, apprendre, écouter. Hervé et Simon nous interrogent sur la notion de courage face à un monde qui change et les ressources à mobiliser pour s’y aventurer avec joie et s’y épanouir.
Aurélie & Rémi ont créé Colibris Acroyoga pour mêler leur engagement écologique à leur pratique de l’acroyoga. Inspirés par la Fresque du Climat, ils ont créé un spectacle artistique et acrobatique pour essaimer la conscience de la crise écologique. Ce spectacle éducatif joue sur les interactions pour attiser l’attention du public, et il utilise des flows d’acroyoga évocateurs pour illustrer avec poésie et émotions les changements majeurs qui sont à l’œuvre.
Vincent, en tant qu’administrateur du tiers-lieu culturel “le 122” à Angers, a contribué à lancer et organiser le “Festival Catalyse”, qui en est à sa deuxième édition
L’agence a participé au premier financement participatif du projet de magazine Bobine lancé par Justine Hern, autrice de l’identité visuelle de vingt et un vingt deux. Bobine est un média indépendant qui utilise notamment le style photo-journalistique pour honorer les savoir-faire paysans et artisanaux de nos territoires et de nos aînés.
L’Isle-en-Saulxleillée
Avec un groupe cœur composé du maire, de l’agriculteur et de l’installateur chauffagiste de son village, Hervé entame une réflexion et des actions de protection et revitalisation des communs de leur village, L’Isle-en-Rigault. Ce projet comporte des volets énergie citoyenne et alimentation mais aussi un volet sur l’histoire du village : quel est notre passé pour mieux nous projeter dans le futur ? Cette histoire fera l’objet d’articles photo-journalistiques ainsi que d’expositions locales.
Nous partageons ici un travail de Louise sur l’écoanxiété, à retrouver en entier ici
Après trois années d’activité, nous avons réalisé que ce sixième objectif statutaire concerne nos engagements privés mais ne rentre pas dans la vie de l’entreprise, ce qui a été approuvé par le comité de mission. Nous avons l’intention de retirer cet objectif de nos statuts lors d’une prochaine assemblée générale extraordinaire.
V-Conclusion générale du comité de mission
Version pdf du rapport
Ce rapport vous est proposé à la lecture sur le présent support, ce qui permet une lecture agréable sur écran. La version pdf du rapport final, validée durant l’audit de Avril 2022 est disponible ici :
Mot de conclusion, par Hervé Dupied
Quelle pourrait être la mission cohérente d’une agence de redirection écologique avec seulement 3 associé.es face aux défis de l’Anthropocène ?
Au-delà de nos objectifs statutaires, nous n’avons pas de rôle significatif à part celui de vivre en accord avec le cadre de la redirection écologique dans un monde qui impose des règles du jeu peu propice à cette pensée en générale, et peut-être encore moins à l’écologie des relations en particulier.
Et c’est bien là que nous essayons d’agir : bâtir une structure s’intégrant dans les règles du jeu capitaliste qui nous permet de cultiver la pensée et la pratique de la redirection en s’accompagnant d’une qualité de relation saine et épanouissante, que ce soit entre les associé.es, mais aussi avec l’ensemble des parties prenantes liées à notre société à mission. Nous remercions chaleureusement les membres extérieurs du comité de mission : Hélène Le Teno, Julien Geffroy, Louise Plantin et Alexandre Monnin en plus de nos partenaires récurrents, notamment Arnaud Marec. Un merci particulier à Gaétane Poissonnier pour son aide précieuse sur la rédaction du journal de bord et des quelques autres beaux articles qu’elle a écrits.
Lorsque Vincent et Aurélie se sont attelé.es à la construction de 21-22 : agence de redirection écologique, ils y ont mis un design centrant leur épanouissement sur l’humilité d’une vie qui cherche à se mettre au service de la redirection écologique sans pour autant avoir la prétention de faire grossir cette initiative au-delà de leur capacité propre à effectuer le travail par eux-mêmes. Des modèles de gouvernance inspirants comme la Fresque du Climat nous démontrent aujourd’hui que la propagation rapide d’initiatives radicalement nécessaires pour une société redirigée ne passe pas nécessairement par des structures qui deviennent toujours plus grosses, captant toujours plus d’une valeur qui devient alors une drogue.
En cheminant avec une vision de non-accumulation et une volonté d’appliquer au mieux l’ensemble de la pensée de redirection, 21-22 a fait un long chemin depuis ses 3 ans d’existence : le chemin d’une structure apprenante, qui prend en compte l’ensemble des remarques de ses parties prenantes, des sentiments que leurs actions leur inspirent pour toujours rester au plus proche des besoins de la société, des trajectoires de transition et des étapes par lesquelles nous devons guider nos clients pour les accompagner sur le chemin de la redirection. Certaines entreprises sont à l’écoute, d’autres moins et 21-22 n’hésite pas à questionner la pertinence de continuer avec certaines d’entre elles pour rester en cohérence avec sa mission, en plus d’un aspect fondamental de la pensée de redirection qu’est le renoncement.
Plongés dans un quotidien prenant, le cadre de la société à mission a permis à 21-22 de prendre le recul nécessaire pour juger de ses actions passées afin d’évaluer et guider les actions des prochaines années. Ecrire et compiler notre premier rapport de mission a été une étape d’introspection et de questionnements ayant permis de structurer notre démarche et répondre à certaines de nos aspirations futures telles que : comment faire comprendre et accepter le parcours de redirection écologique, comment travailler la verticale d’un accompagnement long terme plutôt que de démultiplier l’horizontale des actions de sensibilisation, comment diffuser notre expérience au-delà du cercle de l’agence. Ce rapport et les intentions que nous y avons écrits nous donnent un élan pour nous projeter dans les 3 années à venir et la rédaction du prochain rapport de mission !
Synthèse des objectifs et engagements
I-Sensibiliser et acculturer ses clients et parties prenantes aux enjeux de l’urgence écologique et à leur ampleur
Objectifs | Echéance | Précision | Etat 2022 |
I-1. Nos clients sont passés par une étape de sensibilisation | Taux > à 80% dès 2022 et à garder au-dessus de ce seuil par la suite | Taux en nombre de clients | 91%
|
I-2. Le déploiement de l’étape de sensibilisation, au-delà du cercle de nos interlocuteurs, est initié chez nos clients | Taux > à 60% à partir de 2024 et à garder au-dessus de ce seuil | Taux en nombre de clients | 45%
voir tableau |
II-Expérimenter à son niveau les principaux leviers de la redirection écologique, en permettant notamment à chacun de ses membres de trouver un équilibre personnel et professionnel en adéquation avec les trajectoires de transition
Objectifs | Echéance | Etat 2022 |
II-1. Les associé.es de l’agence participent à au moins un projet permettant d’expérimenter et de développer des modes de vie plus sobres, moins polluants, plus résilients, plus collectifs et solidaires | Dès 2022 | Atteint |
II-2. Les associé.es de l’agence se sentent alignés dans leur travail | Dés 2022 | Atteint |
III-Contribuer à créer des exemples concrets de redirection écologique, avec ses clients et en faisant émerger des projets au sein de son écosystème
Objectifs | Echéance | Etat 2022 |
III-1. Consacrer du temps à la “R&D” pour développer des projets concrets | 1 projet d’ici 2023
| Atteint |
III-2. Amener nos clients au-delà de l’étape de sensibilisation | Au moins 1 client amené à l’étape Concrétisation | Atteint |
IV-Contribuer à enrichir et diffuser les champs des connaissances de la redirection écologique
Objectifs | Echéance | Etat 2022 |
IV-1. Entretenir nos liens avec le monde universitaire et académique à travers différents projets de collaboration | Au moins 1 projet de collaboration | Atteint |
IV-2. Participer à la formation professionnelle des étudiant·es en partageant notre expérience de la redirection écologique via la co-supervision de stages | Encadrement d’au moins 1 stage | Atteint |
V-Illustrer, en faisant appel à divers formes d’art, le récit d’un monde sobre, résilient, en équilibre avec les limites planétaires
Objectif | Echéance | Etat 2022 |
V. Au moins un.e associé.e de l’agence ou l’agence participe à au moins un projet permettant de contribuer, en faisant appel à divers formes d’art, à illustrer le récit d’un monde sobre, résilient, en équilibre avec les limites planétaires | Dès 2022 | Atteint |
VI-Contribuer, à travers ses stratégies d’investissements et/ou de donations, à l’éducation aux transitions agricoles, énergétiques et industrielles et à leur mise en œuvre
Cet objectif statutaire n’est pas inscrit dans le quotidien de l’entreprise, et nous avons l’intention de le retirer de nos statuts.