Amoureux des sciences, des maths et surtout de la physique pour sa capacité à décrire rigoureusement le réel, je me suis orienté après mon bac vers une licence de sciences physiques à Angers puis vers l’école d’ingénieur l’EIGSI à La Rochelle.
Je choisis la spécialité énergie et environnement après un stage en Inde de trois mois où ma mission était de concevoir et implanter des solutions de séchage solaire des boues en sortie de méthaniseur. J’y découvre les différents visages du monde et comment des solutions techniques (Low-Tech en l’occurrence) peuvent apporter des réponses à des problématiques essentielles (ici permettre aux foyers de cuisiner avec du gaz issu des méthaniseurs et fournir un revenu en vendant comme engrais les boues séchées en sortie de méthanisation). Je découvre aussi la puissance de l’énergie solaire et les multiples possibilités d’usage de cette ressource.
Devenu passionné par les technologies à énergies renouvelables, je débute ma carrière professionnelle dans la recherche, en me spécialisant dans le solaire à concentration. Ma thèse, réalisée au sein du laboratoire CNRS PROMES de Font Romeu, vise la modélisation et l'optimisation du champ d’héliostats d'une centrale solaire thermodynamique, sujet passionnant et très technique mêlant algorithmes d’optimisation et modélisation optique de la centrale.
À la fin de ma thèse en 2012, je souhaite découvrir d’autres formes d’organisations et j’embrasse l'entrepreneuriat. Conjuguant ma passion pour la programmation et le web à mon désir de découvrir concrètement le monde de l’entreprise, je crée avec un ami de longue date une entreprise spécialisée dans le conseil en stratégies web et le développement de solutions web sur mesure pour les entreprises.
L’entreprise fonctionne bien mais très vite une routine s’installe entre le développement commercial et la conception technique de solutions, je trouve de moins en moins d’intérêt à cette activité certes stimulante intellectuellement mais dont les solutions créées sont parfois utilisées pour des entreprises dont la finalité me fait douter.
Je souhaite utiliser mes compétences pour un projet porteur de sens : avec le même ami nous fondons en 2014 l’association PaïPaï utilisant comme levier l’activité culturelle et l’éducation populaire pour amener sur les sujets du développement durable. Ce projet m’occupe près de 10 ans et donne naissance au Tiers-Lieu culturel et sociétal « Le 122 » de 750m² à Angers, espace animé par une équipe de 6 salariés, un conseil d’administration, des bénévoles et adhérents engagés. En tant que fondateur, directeur puis vice-président, j'œuvre à créer un espace d'échange et de partage autour des valeurs écologiques, culturels, sociales et sociétales.
En 2018, l’association fonctionne bien, j’ai du temps de libre et l’opportunité se présente à moi d’enseigner aux Arts & Métiers à Angers sur les thématiques de l'énergie, du climat et des énergies renouvelables. Ce retour à mes premiers amours va enclencher un nouveau tournant : avec plus de recul, je reprends les enjeux de la transition énergétique, je fais des calculs, des tableaux Excel pour « m’amuser » à remplacer une source d’énergie par une autre dans le mix énergétique mondial et je regarde les conséquences en termes d’utilisation des sols, de matériaux, les possibilités industrielles, etc. : je tombe de haut devant l'ampleur et la complexité du défi et l’impossibilité de le relever sans questionner profondément notre organisation, nos besoins et nos envies : la demande liée à notre confort de vie est trop forte ! Elle peut être comblée par les énergies fossiles et un extractivisme fou, mais n’est aucunement durable. Je conclue, comme beaucoup d’autres, que nous ne pouvons pas faire de transition sur l’offre (énergie, ressources, services écosystémiques) sans faire de transition en amont sur la demande.
Je me documente énormément sur la mécanique du climat, les liens énergie/climat, la question de la biodiversité, des pollutions et autres limites planétaires. Les constats sont effrayants, les scénarios prospectifs business-as-usual sont catastrophiques, le besoin de changement est profond et s’il n’est pas anticipé, la dynamique risque d’être violente. Je suis devenu père, nous avons 30 ans d’écart avec mon fils, tous les scénarios invitent à se projeter en 2050, je suis inquiet pour lui : je dois m’investir encore plus concrètement !
Ma vision de la transition écologique et du développement durable a profondément changé depuis mes années de thèse : la sortie « par le haut » basée sur une réponse technologique au défi de la durabilité de nos sociétés me parait maintenant impossible, se heurtant à l’une ou l’autre des limites planétaires. Seule la sortie « par le bas », en questionnant notre mode de vie me parait envisageable. Je vais alors, dans mes enseignements, mes engagements professionnels et associatifs, mettre de coté les aspects techniques, les réponses par « l’efficacité des process » pour m’orienter vers des solutions basées sur le discernement technologique, le questionnement du besoin, la philosophie du Low-tech. Je fais évoluer mes cours, je prends plus d’heures pour l’expliquer, les étudiants adhérent !
Depuis, je me consacre à approfondir mes connaissances sur le système climatique, les stratégies « bas carbone » au niveau des secteurs d’activité, des organisations et au niveau national. Je creuse les sujets d’atténuation de nos impacts et d’adaptation au dérèglement climatique et étudie les potentiels d’actions des grands leviers que sont la sobriété, l’efficacité et la substitution.
Lorsque je découvre le concept de redirection écologique en 2022, je suis convaincu, il s’agit ici de faire atterrir notre technostructure et nos organisations au sein des limites planétaires ; de façon anticipée, démocratique et non-violente : c’est le cadre conceptuel qui me correspond le mieux et que je trouve le plus abouti pour conduire les changements nécessaires, je rejoins l’agence de redirection écologique 21-22.
Mon but aujourd’hui en tant que redirectionniste est de sensibiliser les organisations aux enjeux de l'urgence écologique, de contribuer à créer des exemples concrets de redirection écologique et d'accompagner au quotidien les entreprises dans cette transition.
Grâce à mon expérience dans l'enseignement, je suis particulièrement attaché à la transmission des connaissances et à l'alignement des équipes sur les orientations stratégiques nécessaires pour faire face aux défis écologiques actuels et futurs.
Ma vision pour 2050 est celle d'un monde où les organisations jouent un rôle clé dans la préservation de notre planète, en harmonisant leurs activités avec les impératifs écologiques. Je suis animé par le désir d'accompagner les décideurs dans leurs orientations stratégiques et les différents collaborateurs dans leur mise en place.
Mon rêve ? Accompagner la fermeture des activités non-désirables et faire advenir celles qui sont porteuses d’espoir.