Est-ce que je peux encore rester là, immobile, les bras croisés ? Je me suis posé·e cette question et je connaissais déjà la réponse. Je n’ai pas le choix. Les chiffres sont là. Les bras croisés, le monde brûle. Mais il me fallait autre chose, un souffle pour survivre aux statistiques, une onde sensible pour connecter raison et émotions, pour agir, pour réagir enfin. Sans ça, je reste pour l’éternité quelqu’un d’interdit.Interdit, ça signifie que je n’arrive pas à parler : stupéfaction, sidération, je n’arrive plus à respirer. Interdit, ça signifie que je n’ai pas le droit : je n’ai pas le droit de rêver, de me projeter, d’espérer ; un enfant, notre avenir, un emploi, rien qu’un regard, impossible, interdit.
Pourtant, je refuse de me taire. Parce que je ne suis pas un cadavre. Parce que je suis vivant·e.